Migraines et autres maux de tête : traitement de fond
Migraine : Cause et Traitement

              Extrait du livre du Dr Polak :   'Guérir des Migraines & autres Maux de tête'      (chapitres 3 & 4)             

             Editions Quintessence (2010)

                  (Texte & tous dessins c Dr J. Polak)

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Avant de discuter notre hypothèse concernant la cause des céphalées et migraines, et de proposer un traitement simple et efficace, il est nécessaire de faire quelques rappels sur certains points d'anatomie et de physiologie.

Nous aurons ainsi les pièces manquantes du puzzle, et nous n'aurons plus qu'à assembler celui-ci.



A    La Contracture Post-traumatique Persistante


¤ Les muscles1

Les muscles ne servent pas seulement à faire des mouvements : ils servent aussi à maintenir des positions, à maintenir les deux parties d'une articulation en place2, et à protéger celle-ci contre le risque de dislocation de celle-ci en cas de choc.

C'est pourquoi, parmi les muscles striés, ceux du squelette, on peut distinguer deux types de muscles selon leur fonction : les muscles de mouvement, dits dynamiques, et les muscles de posture, dits toniques. Ce sont également ces derniers qui maintiennent et protègent l'articulation.


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¤ Le Réflexe Myotatique3


Ce réflexe fait que tout muscle étiré se contracte.

La contraction est bien sûr normalement réversible : elle cesse dès que le raccourcissement est obtenu.


C'est le Réflexe Myotatique qui permet de maintenir les positions et les postures : dès qu'une position tend à se modifier (sous l'action de la pesanteur par exemple) au moins un muscle est forcément étiré. Il se contracte donc automatiquement, ce qui fait reprendre la position initiale à l'articulation qu'il gouverne, dès qu'elle est à peine modifiée4.


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¤ Conséquences d'un traumatisme


Le Réflexe Myotatique a aussi un rôle de protection de l'articulation contre la dislocation en cas de traumatisme.

Lors d'un choc, un os est soudainement déplacé par rapport au reste du corps : l'articulation la plus proche est brusquement mobilisée et certains muscles vont donc être fortement étirés, à grande vitesse.

Ici intervient bien sûr aussi le Réflexe Myotatique, cette fois dans un but de protection contre la dislocation de l'articulation5.

Le muscle étiré se contracte donc de façon réflexe, pour s'opposer au choc. L'intensité de la contraction qui en résulte est fonction de la vitesse et de l'amplitude de l'étirement : elle est donc proportionnelle à l'intensité du choc. Mais si le choc a très violent ou a pris la personne totalement au dépourvu, il aura entraîné une forte contraction réflexe d'au moins un muscle ; celui-ci, on le constate aisément en pratique, aura tendance à ne plus cesser sa contraction, même après arrêt du choc : il est hypertonique et il peut le rester des mois, des années, toute la vie même, comme si l'étirement initial persistait. Cette contraction involontaire permanente, ce réflexe auto-entretenu, est appelé 'contracture', et une fois installé il ne cède pas, ni spontanément, ni au repos, ni même par massages.

Ses conséquences ont plutôt tendance à s'aggraver avec le temps.


Tout se passe comme s'il y avait une facilitation locale mais permanente du Réflexe Myotatique du ou des muscles étirés lors du choc, un abaissement de son seuil d'activation, un emballement en quelque sorte.


C'est ce que nous appellerons la Contracture Post-traumatique Persistante (CPP). C'est une hypertonie musculaire localisée, d'origine traumatique, récente ou lointaine, d'un muscle squelettique, provoquant sa contraction continue involontaire, sans tendance spontanée à la guérison, persistant donc indéfiniment.



Notons que la CPP ne touche pas n'importe quel muscle : en pratique seuls les muscles toniques, de posture, peuvent présenter une CPP, ce qui s'explique par leur innervation un peu différente de celle des muscles dynamiques6.

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¤ Conséquences de la Contracture


L'hypertonie localisée permanente d'un muscle ne sera pas sans conséquences, on s'en doute. Elle peut rester latente, sans se manifester, pendant des années, mais tôt ou tard elle tend à être douloureuse, et à limiter les amplitudes articulaires locales de par son raccourcissement et sa résistance, souvent douloureuse, aux mouvements qui l'étirent.

La connaissance de ce mécanisme est fondamentale pour la compréhension de la cause et des mécanismes de presque toutes les douleurs articulaires, y compris de celles ou l'on trouve de l'arthrose, et des névralgies7.

C'est la compréhension de la CPP qui nous permet de concevoir le mécanisme et le traitement des et migraines.


La méthode manuelle de traitement que nous proposons, la Myothérapie®, simple, douce et non-traumatique, sans effets secondaires, consiste à mettre le muscle contracturé en position de raccourcissement, selon un certain protocole, sans aucune manipulation mais seulement à l'aide de mobilisations passives. Ce qui permet de faire cesser le réflexe auto-entretenu en boucle, et de rétablir un bon fonctionnement du muscle8.

On rompt ainsi le cercle vicieux d'informations erronées d'étirement que les récepteurs envoient souvent depuis des années et qui entretiennent la contracture.


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¤ Muscles impliqués dans les migraines


Nous avons signalé que l'on observe en pratique que seuls les muscles toniques, c.-à-d. les muscles de posture à prédominance nette de fibres lentes à contraction durable, peuvent présenter une contracture.


Au cou deux muscles de ce type s'insérant sur l'os Temporal9 seront impliqués dans les migraines. L'un est le Longissimus de la Tête10. Allant des vertèbres cervicales basses à l'apophyse Mastoïde de l'os Temporal, il sert à maintenir la stabilité latérale du crâne. (En tant que muscle tonique sa contraction n'a pas pour but de provoquer un mouvement.) L'autre est le muscle Cléido-Mastoïdien11, qui va de la Clavicule à la Mastoïde. Son action est semblable à celle du précédant, avec un point d'appui plus antérieur.




Le muscle Omo-Hyoïdien12 pourrait aussi être impliqué.


Nous expliquerons au prochain chapitre l'importance de ces muscles et de leur contracture dans le mécanisme des migraines.


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B    La circulation veineuse intracrânienne


¤ Les Sinus veineux 13


Les sinus veineux intracrâniens, situés dans la dure-mère14, récoltent le sang des veines du cerveau. Ils se rejoignent presque tous pour former les deux veines jugulaires internes, qui drainent donc l'essentiel du sang de l'intérieur du crâne.


Il est à noter que sauf dans les sinus latéraux le sang veineux circule d'avant en arrière dans le crâne.

Aucune de ces structures, veines ou sinus, ne possède de valves. Cette absence de valves permet une inversion du sens de circulation en cas de besoin.


Les sinus veineux sont des structures sensibles, dont l'irritation peut provoquer de la douleur. 


 

 Les sinus veineux intracrâniens


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¤ Le Foramen Jugulaire 15


Il s'agit d'un espace libre entre l'os Occipital et l'os Temporal.


Y passent la veine Jugulaire Interne, par où s'écoule environ 95% du sang veineux de l'intérieur vers l'extérieur du crâne (c'est-à-dire presque tout le sang qui sort16), et les nerfs IX, X et XI.


 


 

Le Foramen Jugulaire (Trou Déchiré Postérieur) Vue inférieure du crâne



Vue l'orientation des structures osseuses, le Foramen Jugulaire a un trajet quasi horizontal, l'os Temporal en formant le toit et le bord externe, l'os Occipital la base et le bord interne.

 


Coupe transversale de la base du Crâne au niveau du Foramen Jugulaire



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¤ Débit


Le sang se renouvelle 11 fois par minute au niveau du cerveau, quatre fois plus vite qu'au niveau des membres. Il circule à la vitesse de 1/2 à 1 mm/seconde au niveau des capillaires.


Le débit sanguin cérébral (DSC), quantité de sang qui traverse le cerveau par minute, est fonction de la pression artérielle (pA) diminuée de la pression veineuse (pV) divisés par la résistance vasculaire (R).


La résistance vasculaire17 est définie par la loi de Poiseuille : elle dépend de la longueur (L) du tuyau (supposé cylindrique et de forme constante), multipliée par la viscosité du sang qui est d'environ 2,7 centipoises, le tout divisé par la puissance 4 du rayon que multiplie p.



Ce qui signifie que le débit est entre autres fonction du carré du rayon ; en d'autres termes une faible diminution du diamètre provoquera une forte diminution du débit.


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¤ Pressions


Pour que le sang circule au niveau du cerveau la pression hydrostatique dans les capillaires doit bien sûr rester comprise entre celle des artères et celle des veines.

 


Évolution des pressions artérielles, capillaires & veineuses


La pression artérielle qui est de 100 à 120 mm/Hg au niveau de la carotide, aura chuté de moitié au niveau des artères cérébrales, intracrâniennes (elle n'y est plus que de 60 en moyenne). Elle est descendue entre 18 et 20 au niveau des capillaires. La pression veineuse intracrânienne au niveau des sinus est donc forcément assez faible (7 à 10 mm/Hg) ; et elle est nulle ou négative à la sortie, au niveau de la veine jugulaire interne, le sang étant aspiré par le cœur.18


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¤ Régulation de l'homéostasie 19

Il est connu que si une augmentation de la pression veineuse, diminuant le débit au niveau des capillaires, entraîne une chute de la pression de perfusion au niveau des capillaires du cerveau, provoquant une hypoxie20 qui met en danger celui-ci, un réflexe dit carotidien provoque rapidement une vaso-dilatation artérielle cérébrale dans le but d'apporter plus d'oxygène21.

La régulation du débit sanguin cérébral dépend en fait de la sensibilité du cortex cérébral aux modifications hémodynamiques et métaboliques. Les modifications de la circulation artérielle cérébrale peuvent être relativement localisées, mais on pense que chaque carotide interne assure la vascularisation de l'hémisphère cérébral situé de son côté, et que le débit est régulé au niveau du sinus carotidien, avant l'entrée de l'artère carotide dans le crâne et sa division en trois artères cérébrales.


1 Voir aussi l'annexe E

2C'est ce qu'on appelle la Coaptation

3 'Stretch Reflex' en anglais, c'est-à-dire réaction réflexe à l'étirement

4 Sauf si cette modification est volontaire bien sûr.

Ce mécanisme est également utile dans certains automatismes, comme celui de la marche.

5 Le muscle tonique est en première ligne avant même le ligament, qui n'est en quelque sorte qu'une protection de secours en position articulaire extrême, puisqu'il est forcément assez lâche pour permettre les mouvements de l'articulation.

6 La cellule de Renshaw, stimulée par le motoneurone, inhibe ce même motoneurone. Ce système 'coupe-circuit', propre aux motoneurones innervant les fibres dynamiques, n'existe pas pour les fibres toniques. Il empêche donc une contraction prolongée des muscles dynamiques, mais pas celle des muscles toniques.

7 Voir, du même auteur, 'Myothérapie : Douleurs articulaires et névralgies'.

8 Pour plus de précisions on consultera le livre : 'Bases physiologiques de la Myothérapie', du même auteur.

Voir aussi l'annexe E.

9 et non sur l'os Occipital comme la plupart des autres muscles du cou

10 ou : Longissimus Capitis, anciennement appelé Petit Complexus

11 partie verticale de ce qu'il est convenu d'appeler le Sterno-Cléido-Occipito-Mastoïdien

12 muscle qui croise la veine Jugulaire Interne et qui s'insère en bas sur l'Omoplate et en haut sur l'os Hyoïde situé sous le menton. Voir l'annexe B.

13 Voir aussi l'annexe A.

14 structure tapissant l'intérieur de la boite crânienne

15 Anciennement appelé Trou Déchiré Postérieur

16 Certains auteurs émettent l'hypothèse qu'en position debout une grande partie du sang veineux intracrânien, si ce n'est la majorité, sortirait par le sinus Occipital qui traverse le Trou Occipital pour former le sinus Sous-Occipital et le Plexus Veineux Vertébral, pour rejoindre la veine Jugulaire Interne ou le veine Sous-clavière. Cette hypothèse reste cependant sujette à caution, étant donnée la grande différence de diamètres vasculaires entre les deux systèmes. Le système sous-occipital et vertébral nous semble plutôt un système d'appoint.

17 La résistance varie en fonction des éléments figurés du sang, de la variabilité des diamètres des vaisseaux, et de la vasomotricité des parois de ceux-ci.

Sauf dans les grandes artères les phénomènes de turbulence sont négligeables.

18 Quant à l'écoulement du Liquide Céphalo-Rachidien (LCR), il est fonction de la pression veineuse. La pression veineuse s'oppose aussi à la force expansive des parois ventriculaires.

19 Homéostasie = bon fonctionnement d'un système biologique

20 Hypoxie = manque d'apport en oxygène au cerveau, ce qui met rapidement celui-ci en danger. Le sang artériel apporte l'oxygène, le sang veineux élimine le déchet qu'est le gaz carbonique.

21Fuentes, Fuentes, & Vlahovitch : Essai sur la vascularisation cérébrale, Specia, 1980




Comprendre la Migraine


 

Nous avons maintenant tous les éléments pour développer notre hypothèse quant à une origine musculaire et veineuse non seulement des migraines (hémicrânies), mais aussi des céphalées dites banales ou de tension (douleurs globales).

Nous pouvons commencer à mettre le puzzle en place.


 

Cause des migraines


Nous l’avons vu plus haut, les muscles qui maintiennent les postures, composés essentiellement de fibres toniques, peuvent à la suite d’un choc se spasmer de façon permanente. Ils sont alors en état de contracture.


Ainsi le muscle Longissimus de la Tête (anc.: Petit Complexus) par exemple, muscle dont nous avons expliqué dans le chapitre précédant qu’il maintient la stabilité latérale de la tête sur le cou, peut devenir hypertonique de façon permanente suite à un choc latéral, d’autant plus pathogène qu’il est souvent totalement inattendu, car non vu et donc non esquivé. Ce choc peut être dû à un projectile quelconque, à un ‘coup du lapin’ en voiture alors que l’on regardait par la fenêtre du véhicule, ou à une chute sur la tête.

Le trauma initial peut aussi être obstétrical : traction trop forte sur la tête contre la résistance du corps pas encore dégagé1.

Il en va de même pour l’autre muscle que nous avons cité, le Cléido-Mastoïdien, qui a une fonction semblable, les actions de ces deux muscles se complétant.


Une fois contracturé, le m. Longissimus de la Tête, oblique en dedans et vers le bas, et prenant appui sur les vertèbres cervicales, une composante de la force du muscle tire en permanence et de façon excessive la tête vers le bas, et l’autre, beaucoup moins importante, en dedans.

L'insertion crânienne étant l'apophyse Mastoïde de l'os Temporal, la première composante va donc tirer cet os vers le bas par rapport à l’os Occipital.




Effets du spasme du muscle Longissimus de la Tête


Or ces deux os sont reliés par du tissu conjonctif. Celui-ci, chez le vivant, est élastique. Donc déformable.


La contracture rapproche donc la partie supérieure du Foramen Jugulaire, formée par l’os Temporal, de sa base, formée par l’os Occipital.

Le diamètre du Foramen Jugulaire sera ainsi légèrement réduit.

 



Effets de la contracture du LC ou du CM sur le diamètre du FJ

(coupe transversale, vue antérieure)


Or d’après les lois de la dynamique des fluides, citée au chapitre précédant, une faible diminution du rayon d’un tuyau entraîne une relativement forte diminution du débit du liquide qui y circule.

En l'occurence, une légère diminution du diamètre du Foramen Jugulaire aura des répercussions assez importantes sur le flux de l'évacuation du sang veineux du crâne.


 



La contracture musculaire qui comprime le Foramen Jugulaire provoquera ainsi une hyperpression veineuse en amont, à l’intérieur de la boite crânienne. Ce qui provoquera donc un léger ralentissement de l’évacuation du sang veineux intracrânien, d’où un ralentissement de la circulation sanguine cérébrale, ce qui entraîne une diminution de l’apport d’oxygène au cerveau.


Tout ceci se déroule avec une intensité variable selon les périodes, en fonction de la survenue de facteurs qui aggravent la contracture musculaire habituellement latente :

température (le froid provoque une contraction musculaire),

stress ou fatigue (qui augmentent également le tonus musculaire),

modifications hormonales (qui provoquent une augmentation du tonus musculaires au début des règle, ou au contraire un relâchement musculaire lors de la grossesse),

positions d’étirement (prolongées pendant le sommeil ou brusques lors de sport) qui accentuent le réflexe Myotatique,

etc.

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L’évolution de la crise de Migraine se fait donc en quatre temps :


q Mise en place du processus pathologique :

traumatisme puis latence.

Conséquence d’un choc physique, la contracture du muscle Longissimus de la Tête et/ou du Cléido-Mastoïdien diminue le diamètre du Foramen Jugulaire (FJ). Ce phénomène, minime, peut très bien rester latent, sans symptômes, pendant des années.


r Hypoxie corticale : aura ou latence

Si des facteurs aggravant le spasme musculaire surviennent (stress, surmenage, étirement du muscle, règles, etc.) le rétrécissement du FJ augmente. Le débit veineux de sortie du crâne diminue donc en fonction.

Le flux de la circulation capillaire cérébrale (qui traverse le cerveau pour lui apporter le sang) est diminué d’autant, et ce d’abord au niveau occipital postérieur, parce que dans cette région le sang veineux ne peut pas facilement s’écouler par d’autres voies par manque d’anastomoses proches.

Ceci entraîne une hypoxie cérébrale2 au niveau des territoires les plus concernés, et donc une souffrance cérébrale locale, un apport régulier en oxygène étant vital. Cette carence se manifestera, éventuellement, par des symptômes : les signes d’aura.


Nous l’avons dit, les territoires concernés sont d’abord et surtout ceux qui sont les plus proches du Foramen Jugulaire et dont le sang veineux ne peut être dérivé facilement par une anastomose3 vers l’autre côté du crâne où la sortie est normale4. Ce sont en l’occurrence les veines qui drainent la partie postérieure des lobes occipital et pariétal ; et plus particulièrement l’Aire 17 et sa zone de phénomènes visuels élémentaires à type d’éclairs ou autres signes lumineux, lesquels sont justement les symptômes les plus typiques de l’aura.


Si d’autres zones du cerveau sont touchées en premier5, d’autres signes neurologiques peuvent se manifester, y compris – rarement – une hémiplégie transitoire.


Il est important de remarquer que le ralentissement circulatoire se propage dans le crâne progressivement d’arrière en avant6, à partir du Foramen Jugulaire, dans le sens opposé à la circulation du sang veineux, comme un embouteillage qui s’étend.


Ce second temps peut lui aussi très bien rester asymptomatique, surtout si la contracture causale n’est pas trop forte.

Quoiqu’il en soit, l’organisme se doit de réagir à cette hypoxie ou à sa simple menace, ce qui provoque le troisième temps.


 

s Réaction : hypervascularisation et douleur.

Pour compenser l’hypoxie il faut que le corps apporte d’urgence plus d’oxygène7. Le seul moyen est d’apporter plus de sang artériel, qui en est riche : une vasodilatation massive et une hypertension s’installent au niveau des trois artères cérébrales du même côté que le trouble initial, puisque le réflexe agit sur le sinus carotidien avant la division de l’artère carotide interne en trois.


Cet apport supplémentaire réflexe de sang artériel, souvent perçu par le malade comme une sensation de pulsation (et qui peut concerner aussi les artères superficielles), se heurte au ‘barrage’ du Foramen Jugulaire toujours rétréci par les contractures des muscles cités. Ainsi, bien qu’elle apporte suffisamment d’oxygène pour être efficace sur l’hypoxie (d’où cessation des signes d’aura), mais aussi à cause de cela, cette augmentation de pression artérielle localisée provoque également une hypertension intracrânienne (HIC), dont on sait que les signes cliniques sont justement céphalées (unilatérales si la cause est unilatérale) et nausées et vomissements, plus ou moins importants.

Les nausées et vomissements seraient dus à la compression de l’Area Postrema8.


t Évolution spontanée : guérison de l’accès.

Quand les facteurs aggravant la contracture disparaissent (souvent lors d’une nuit de sommeil) les symptômes cessent d’eux-mêmes, et tout rentre apparemment dans l’ordre, jusqu’à la prochaine crise. Car celle-ci est inévitable tant que l’on n’aura pas traité la contracture du muscle Longissimus de la Tête et/ou du Cléido-Mastoïdien : les mêmes causes produisent forcément les mêmes effets.


Les médicaments chimiques, vasoconstricteurs, peuvent stopper la troisième phase mais sont sans effet sur les deux premières, ni donc sur les rechutes. Ils ont par ailleurs tendance à augmenter le tonus musculaire, ce qui explique que leur abus provoque aussi des migraines.

Et comme en luttant contre l’hypertension intracrânienne en diminuant l’apport de sans artériel, ils s'opposent en pratique à la réaction d’apport d’oxygène, favorisant ainsi à la longue des micro-lésions cérébrales, ce qui a été remarqué par plusieurs auteurs9. Ce n’est donc pas la meilleure approche imaginable, sans même parler de leurs effets secondaires.


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On peut décrire quatre variantes dans le mécanisme et la manifestation de la migraine :


1)  soit un seul Foramen Jugulaire (FJ) était diminué par une contracture, conséquence d’un traumatisme souvent ancien. Jusque-là latent, mais soudain aggravé par des facteurs déclenchants, ce phénomène dépasse le seuil de manifestation clinique. Un seul FJ étant rétréci, la souffrance cérébrale par hypoxie est unilatérale ; la réaction carotidienne, et l’hypertension intracrânienne (HIC) qui s’ensuit, le seront aussi : la céphalée sera donc unilatérale, du même côté que la contracture initiale.

C’est l’unilatéralité de la contracture agissant sur le diamètre du FJ qui explique l’unilatéralité de la migraine.


2)  Mais il se peut aussi que les contractures soient bilatérales, de façon suffisante pour affecter le diamètre des deux FJ.

Cette fois l’hyperpression veineuse sera donc bilatérale, l’hypoxie aussi, la réaction artérielle et l’HIC qui s’ensuit également, ce qui provoquera donc des céphalées globales : c’est la migraine bilatérale avec signes d’aura et/ou nausées ou vomissements.

Plus souvent le trouble se manifestera sous forme de céphalée dite de tension (musculaire)10, sans signes d’aura, ni photophobie, ni phonophobie, ni nausées ou vomissements, qui peut cependant être tout aussi douloureuse et handicapante qu’une migraine, même si elle ne présente pas tous les signes spécifiques de celle-ci.


Il semble donc, fondamentalement, n’y avoir aucune différence entre une migraine vraie et une céphalée, dite banale ou de tension. Ce n’est qu’une question de manifestation unilatérale ou bilatérale d’un même phénomène.


Il est simplement probable qu’en cas de trouble unilatéral la contracture doive être plus intense, pour provoquer un rétrécissement du Foramen Jugulaire portant à conséquence, que lors d’un trouble bilatéral, car dans le premier cas le sang du côté où la sortie est limitée peut facilement s’écouler par l’autre FJ11, ce qui n’est plus le cas lors d’un trouble bilatéral, où la seule ‘sortie de secours’ reste le système veineux du trou occipital, qui selon certains n'est cependant pas négligeable.


3)  Quand le facteur déclenchant ne joue que sur une contracture d’un côté, bien que les muscles des deux côtés soient initialement spasmés de façon latente, la migraine sera parfois d’un côté, parfois de l’autre, selon la latéralité du facteur déclenchant (ex : position qui étire pendant le sommeil un muscle contracturé, ce qui provoque par réflexe myotatique une augmentation de son tonus).


4)  Enfin si en cas de facteur déclenchant unilatéral sur un trouble latent bilatéral, si la réaction carotidienne est importante elle peut entraîner secondairement une hypervascularisation de l’autre hémisphère12, d’où une bilatéralisation de la migraine en cours de crise, ce qui n’est pas rare.


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Il convient par ailleurs de bien distinguer :

- d’une part les conséquences d’un choc physique souvent ancien et donc oublié (c'est-à-dire la véritable cause, le primum movens),

- et d’autre part les effets de facteurs ne faisant que déclencher la crise de céphalée ou de migraine, et ayant en apparence une importance beaucoup plus grande et spectaculaire que l’ancien traumatisme (même si ils n’auraient eu strictement aucune conséquence en l’absence de contracture post-traumatique préexistante).


¤ La cause initiale, le primum movens, semble donc toujours traumatique. Il n’y a pas, jusqu’à preuve du contraire, de migraine sans contracture post-traumatique préexistante du muscle Longissimus de la Tête ou du Cléido-Mastoïdien, hypertonie souvent déjà ancienne, conséquence d’un choc physique qui peut très bien avoir été oublié, puisqu’il peut dater de la naissance (accouchement un peu trop brutalement ‘aidé’) ou de l’enfance (chute en apprenant à marcher), ou être plus tardif (accident provoquant un traumatisme latéral cervical ou crânien, l’un comme l’autre risquant d’étirer brusquement les muscles cités).


Cette contracture habituellement latente, ou ne se manifestant que par des douleurs du cou, va par moments être accentuée jusqu’à avoir un effet significatif sur le diamètre du trou déchiré postérieur et le débit de l’évacuation du sang veineux intracrânien, ce qui aboutit à la crise de migraine. Ce n’est qu’à ce stade qu’interviennent les facteurs déclenchants.


Mais il est d’ores et déjà évident qu’un traitement de fond aboutissant à la disparition totale des migraines même à l’arrêt de ce traitement, ne peut qu’être un traitement qui guérit les contractures.


Le facteur déclenchant n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase, mais si le vase est vide ( = absence de contractures agissant sur le Foramen Jugulaire) la goutte d’eau n’aura pas la moindre conséquence.


¤ Divers chercheurs ont montré que la compression de la veine Jugulaire Interne aggravait les migraines13. Ceci confirme notre hypothèse, puisque le seul effet de cette compression ne peut être que d'aggraver le ralentissement de l'évacuation veineuse du crâne, et de tout le mécanisme qui s'ensuit.


¤ Inversement, comme nous l'avons mentionné plus tôt, le fait que les inhalations d'oxygène font cesser les crises de migraine même les plus violentes14, montre bien que c'est la carence cérébrale en oxygène qui provoque la réaction douloureuse.

Il paraît donc beaucoup plus sain de stopper des crises graves par ce moyen plutôt que par des médicaments, puisque ceux-ci agissent en empêchant la réaction artérielle censée apporter l'oxygène manquant...


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   B  Les facteurs déclenchants

Ils ne font que révéler un problème jusque là latent, non manifesté. Ils n’en sont pas la cause : s’il n’y a rien à déclencher ils ne provoqueront rien.

Il semble qu’ils soient de deux types, à bien distinguer :


* Catégorie A : de nombreux facteurs qui augmentent le tonus musculaire peuvent rendre manifestée la contracture qui passait jusque là inaperçu. Cette augmentation du tonus musculaire va diminuer un peu plus le diamètre du Foramen Jugulaire, enclanchant le processus décrit ci-dessus.

Ces facteurs sont:

le stress (si le psychisme ne peut pas, à la lumière de ce que nous avons vu, être considéré comme cause de maux de tête, il peut très bien, et c’est fréquent, être facteur déclenchant) ;

la fatigue, le surmenage ;

le vent, le froid ;

activité ou choc étirant les muscles concernés, ce qui augmente leur contracture réactionnelle ; la simple activité physique peut déclencher ou aggraver la migraine parce qu'elle tend à aggraver les contractures par de brusques sollicitations ou des étirements.

les modifications hormonales précédant les règles (chute œstrogénique). Puisqu’il n’y a pas de différence de fréquence entre garçons et filles avant la puberté, ce sont ces modifications du cycle qui expliquent certainement la plus grande fréquence de migraines chez les femmes (deux fois plus que pour les hommes) : c'est simplement que moins de troubles musculaires restent latents que chez l’homme.

positions de sommeil étirant anormalement les muscles concernés, provoquant une aggravation de sa contraction par réflexe Myotatique;

etc.


S'il y a peu de migraines au cours de la grossesse, c'est que le terrain y est au contraire au relâchement musculaire global, grâce à une hormone appelée 'Relaxine'.

Quand ces facteurs qui aggravent les contractures cessent, le débit veineux dans le Foramen Jugulaire redevient à peu près normal, en tout cas en dessous du seuil de manifestation clinique, et les symptômes disparaissent.


* Catégorie B : les facteurs déclenchants comme l’alcool, qui n’augmentent pas le tonus musculaire, augmentent la vascularisation intracrânienne par vasodilatation artérielle : cet apport de sang supplémentaire, s’il se heurte au ‘barrage’ du FJ rétréci au préalable par la contracture permanente mais latente d’un ou des muscles concernés, augmente la pression intracrânienne, provoquant la même douleur.


Ici aussi il y a un ralentissement circulatoire s’étendant progressivement d’arrière en avant, sens opposé à la circulation veineuse intracrânienne normale, de même qu’on constate en spéléologie qu’une grotte normalement bien drainée par une petite rivière souterraine se remplit rapidement d’eau dès qu’il pleut.




 

Le déroulement de la crise de migraine.


FJ = Foramen Jugulaire

Hypoxie = Baisse de l’apport en oxygène

Ø = Diamètre

Oligohémie = Baisse de l’apport sanguin


D’autres substances contenues dans certains aliments peuvent servir de médiateurs au même phénomène. Citons:

la tyramine (certains vins et fromages)

la phénylalanine (chocolat)

le glutamate de sodium (certains plats asiatiques)

les nitrites (charcuteries)

Quant aux graisses, invoquées dans la ‘crise de foie’, on sait qu’augmentation des acides gras libres plasmatiques et baisse de la sérotonine sont liés, baisse qui entraîne une vasodilatation.


* Le café tient une place à part : étant vaso-constricteur, il peut soulager une crise ; mais étant contracturant musculaire, son abus peut augmenter les contractures jusqu’à déclencher des crises.

Il en va d'ailleurs de même de la plupart des médicaments de la crise migraineuse.

Le sevrage du café, provoquant une vasodilatation réactionnelle brutale par arrêt de l’effet vasoconstricteur, peut provoquer des céphalées pendant quelques jours15.

Au point qu'il n'est pas rare qu'un cercle vicieux s'installe : une consommation importante et régulière de café ou de médicaments anti-migraineux tente en vain de stopper des migraines que cette consommation elle-même continue de provoquer.


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En résumé, comme la plupart des maladies, la migraine évolue selon la séquence suivante :

cause (+/- facteurs déclenchants) -> maladie -> réaction -> guérison (apparente).


¤ cause = contracture post-traumatique

¤ facteurs déclenchants = ce qui augmente la contracture, ou le volume sanguin intracrânien

¤ maladie = hypoxie ou menace d’hypoxie

¤ réaction = vasodilatation artérielle

¤ guérison apparente = cessation des effets des facteurs déclen-chants (mais pas de la cause)


Deux remarques :

1) comme c'est souvent le cas, c’est la réaction qui gêne le plus le malade, car c'est elle qui provoque l'hypertension intracrânienne, source des douleurs ;


2) la véritable guérison, celle qui évitera que d’autres crises ne se produisent, ne peut être obtenue que par le traitement manuel des contractures, par Myothérapie®.



 

 

1éventuellement associé à une torsion pour aider à mieux présenter les épaules.

2diminution d’apport en oxygène

3dérivation veineuse

4c'est-à-dire par l’autre Foramen Jugulaire, les veines antérieures de l’œil, ou les veines passant par le trou occipital

5Il y a une très grande variabilité anatomique de la vascularisation cérébrale d'un individu à l'autre, ce qui explique la variablité des symptômes éventuels d'hypoxie, donc d'aura. Ces variations héréditaires pourraient expliquer la fréquence de migraines dans certaines familles, et inversement le fait que les contractures ne saccompagne pas forcément de céphalées chez d'autres.

6comme cela a été constaté en laboratoire, voir Annexe C

7ce qui explique pourquoi mêmes les migraines les plus douloureuses, y compris les Algies Vasculaires de la Face, sont soulagées ou guéries par l'inhalation d'oxygène.

8 Petite protubérance située à la limite postéro-inférieure du 4e ventricule, responsable des vomissements.

9Migraine as a Risk Factor for Subclinical Brain Lesions ; Kruit et al, in : JAMA. 2004;291:427-434.

Blood Vessels, Migraine, and Stroke ; Moskowitz & Kurth, in : Stroke. 2007;38:3117.)

10qualifiée souvent à tort de 'banale'

11Rappelons que les sinus et veines intracrâniens n'ont pas de valves, ce qui permet d'envisager par endroits une inversion du sens de la circulation pour faciliter le drainage veineux.

12par lintermédiaire du Polygone de Willis, qui raccorde les systèmes artériels intracrâniens droit et gauche.

13F. Doepp et al.: Migraine aggravation caused by cephalic venous compression ; in : Headache 43(2):96-8, Février 2003

Ch. Chou et al.: Throbbing pain is related to Queckensedt's test effec in migraine patients ; in : Cephalalgia 29(3):373-8, Mars 2009

14y compris celles d'Algie Vasculaire de la Face

15Dans le même ordre d'idées les lecteurs du 'Traité de Médecine Traditionnelle Européenne' comprendront aisément que puisque en résumé la migraine est un excès de sang intracrânien, elle sera soulagée par le froid et le courant d'air. Cependant ces facteurs aggravent aussi la cause première, la contracture, et peuvent donc également déclencher une migraine.

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